quinta-feira, 21 de abril de 2016


       "  L'amoureuse "

cette lugubre manie de vivre
cette obscure extravagance de vivre
t'entraîne alejandra ne le nie pas.

aujourd'hui tu t'es regardée dans la glace
et ce fut triste tu étais seule
la lumière hurlait l'air chantait
mais ton aimé n'est pas revenu

tu enverras des messages tu souriras
tu agiteras tes mains ainsi il reviendra
ton aimé tant aimé

entends-tu la démente sirène qui l'enleva
le bateau aux barbes d'écume
où moururent les rires
te souviens-tu de l'ultime étreinte
ô pas d'angoisses
ris dans le mouchoir pleure aux éclats
mais ferme les portes de ton visage
pour qu'après on ne dise pas
que cette femme anoureuse c'était toi

les jours te rongent
les nuits t'accusent
la vie te fait tant tant de mal
désespérée, où vas-tu?
désespérée, c'est tout!


   Pizarnik, Alejandra. Oeuvre poétique. Arles: Actes Sud, 2005, p. 25 (traduit pas Silvia Baron Supervielle )
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Nota - esta obra pertence à coleção Le cabinet de lecture coordenada por Alberto Manguel.
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