segunda-feira, 14 de setembro de 2015



(...) j'en pousse la porte de branchages. Dormir. Où est Hornig? Le feu crépite et il fait très chaud. "Hornig!" Un froissement vient du lit, dans l'ombre. Que vois-je? Le jeune cocher s'est glissé sous les fourrures. Je les soulève. Il est nu. Et maintenant, il me regarde, sans peur, sans insolence, avec ses yeux noirs, un peu brillants. Le feu projette des lueurs sur sa peau hâlée et lisse. Hornig ressemble à un jeune animal, souple, musclé, avec, tout juste au creux de la poitrine, un épi de poils, court, luisant comme une plume de merle. La situation est si extravagante que je sens ma colère royale dépassée et inutilisable. Le garçon est peut-être devenu fou? Je dis, le plus doucement possible: "Mais, Hornig, qu'est que tu fais lá?" Le jais des yeux s'embue, la bouche tremble. La voix chuchote, au comble de la honte: - "Wolk m'avait dit..." Ah! c'est Wolk. La stupéfaction me paralyse. (...) et la tête cachée sous les bras dont les muscles tremblent, Hornig pleure: - "J'ai déplu au Roi." Il ne cherche pas à se lever, à fuir; il est écrassé d'une douleur dont l'accent vrai me frappe. Je m'assieds sur le bord du lit. (...) le long de son cou, une chaînette d'or et ramènent du dos où elle avait été rejetée une médaille, que je saisis, que je scrute, en rapprochant mon visage de la chaleur violente de ce corps et de son odeur d'ambre.
   Je découvre mon profil! gravé sur une des pièces distribuées le jour de mon couronnement. Je trouve cet argument sans réplique. J'ai froid: enfim, les bruns ne sont pas mon genre.


   Fraigneau, André. Le livre de raison d'un roi fou, Louis II de Bavière. Paris: Éditions de La Table Ronde, 1994, pp 71 - 73.
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