terça-feira, 22 de abril de 2014


Je te vaincs, je te supplie de te mettre à mes genoux, je te demande de me vider comme on vide une barque dans la tempête. Je suis la tempête et ce qui pousse encore de toi est d'une steppe rase, embrumée, pleine de ta rigueur de fille à peine éclose avec, au beau milieu, cette marque... Cette marque je la rêve, je l'embusque, je te la prends comme on prend un mirage indécent, tout nu, pas tout à fait, avec la main qui laisse deviner. Ô ta main sur ta marque comme une parure glacée. Je sais et j'aime tes façons de te cacher comme on cache une maladie. Le jour où je guéris de toi, tu en seras malade? Et je te veux malade, avec ton haleine sucrée et d'un beurre violet dont je ne peux plus me souvenir. Je suis sec. Les portes de l'insoutenable, que tu m'ouvres parfois, me laissent tout juste la place de passer... Alors je te visite et tu me fais voir tes joyaux, tes chairs illuminées par mes yeux extasiés et justes. Je ne vois pas que ce en quoi je crois. Si je coyais en toi, tu ne pourrais plus supporter l'oeil que je te jetterais alors comme on jette sa pâtée à la chienne attentive. Ta pâtée, c'est ma marque à moi. Fais bien attention! Les cartons, quant aux culs bordés, ça me connaît. L'amour, ça me va aussi, quand c'est doublé des lèvres doubles et de ce petit chapeau, en haut, conducteur de l'outrage. Et je t'outrage, ma petite camarade, je t'apprends, je te tourne, je t'invente à demi et tu me trouves entier, je te plais, je te joins, tout juste, pas tout à fait, il y manque un rien de rien, la jointure, la totale, c'est ça quadrature du cercle de l'amour fait. Je te fais l'amour, je suis toi, tu es moi, alors je suis seul et désespère.
 
 
   Ferré, Léo. Alma Matrix. Monaco: Editions La Mémoire et la Mer, 2000, pp 8 - 9.
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